Le hasard fait bien les choses

L’adage en titre est bien connu dans la profession. Quand on fait de l’archéologie il faut souvent accepter le fait que l’on ne trouve pas toujours ce que l’on recherche, ou, variante du même thème, que ce n’est pas celui qui cherche, qui trouve. C’est cette expérience cocasse qu’a fait en octobre 2005 l’archéologue canadien Yves Chrétien. En sondant les terrains préalablement à la construction de la promenade de Champlain près de la ville de Québec, il a découvert ce que depuis cinquante ans d’autres archéologues ont cherché en vain avant lui : le fort édifié en 1541 par les explorateurs Jacques Cartier et Jean-François Roberval, qui représente la première tentative d’implantation d’une colonie française en Amérique. L’emplacement, le sommet du promontoire de Cap-Rouge était connu depuis longtemps, mais les devanciers d’Yves Chrétien le cherchaient au nord du promontoire, alors qu’il fut fortuitement découvert au sud. Des fouilles de grande ampleur sont d’ores et déjà prévues cette année.

astrolabe de Champlain

L’astrolabe de Champlain et la rivière des Outaouais

Cette découverte canadienne en rappelle une autre, celle de l’astrolabe de Samuel de Champlain. Ce dernier fut, en 1608, le vrai fondateur de la ville de Québec, et c’est en son honneur, en prévision des célébrations du 400ème anniversaire de la ville en 2008, que l’on a donné son nom à ladite promenade ci-dessus. L’astrolabe fut semble-t-il perdu par le navigateur en mai 1613 alors qu’il remontait la rivière des Outaouais. En 1867, soit 254 ans plus tard, ce bel objet fut découvert fortuitement par un garçon de ferme. Passant ensuite entre les mains de divers propriétaires, il fut acquis en 1989 par le Ministère canadien des communications afin d’être exposé dans le remarquable Musée canadien des civilisations, un modèle du genre soit dit en passant.
Morale de ces petites histoires : on peut toujours chercher une aiguille dans une botte de foin, mais pour la trouver sans effort, attendons de sentir sa piqûre.


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